L’article du Parisien le 4 mai 2022, sur les « poubelles jaunes » est révélateur du malaise de la collecte des déchets en Seine-Saint-Denis.
Il est constant de toujours mettre l’accent sur le « comportement » des habitants, ou les « incivilités », qui se traduisent par une dégradation de l’espace public. Cependant les évolutions de la collecte des emballages sur Plaine Commune démontre que les collectivités ont entre leurs mains les leviers qui permettent, sinon de toujours réduire la production de déchets, à minima d’organiser la collecte, puis le traitement des déchets produits quotidiennement sur le territoire.
Sur Plaine Commune seules des contraintes budgétaires avaient conduit la collectivité à réduire la fréquence des collectes sélectives, avec les conséquences désastreuses bien mesurées par l’ORDIF (Observatoire Régional des Déchets pour l’Ile de France). Le retour à la raison décidé pour une collecte plus raisonnée à partir de ce mois de mai permettra de se rapprocher des performances attendues.
Cependant cette progression ne doit pas masquer le chemin à parcourir pour l’ensemble des quatre EPT (Etablissement Public Territorial) de Seine-Saint-Denis. Les statistiques de l’ORDIF pour 2019 montrent suffisamment le retard de la Seine-Saint-Denis par rapport à l’ensemble de l’Ile de France, mais également face aux objectifs du PRPGD (Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets).
En 2019, selon l’ORDIF, chaque habitant de Seine-Saint-Denis a produit 25,4 kg d’emballages collectés dans la « poubelle jaune », alors que la moyenne en Ile de France est à 37,5 kg et que le PRPGD a un objectif de collecte de 41,7 kg à l’horizon 2025. Les moyens mis en œuvre par Plaine Commune sont bien sûr à la base des efforts attendus, mais il reste d’amples initiatives pour l’ensemble des collectivités et imposer les équipements nécessaires à cette collecte en particulier sur l’habitat collectif, souvent défaillants pour les logements existants, de même que sur les programmes de logements à venir, pour lesquels les locaux adaptés sont rarement à la hauteur des contraintes actuelles et imposées dès 2024 pour la collecte des biodéchets.
Un autre levier pertinent est identifié par l’ORDIF dans ses analyses annuelles.
L’ORDIF reconnaît spécifiquement l’impact de la redevance incitative, en lieu de place de la TEOM (Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères), appliqué sur tout le territoire de la Seine-Saint-Denis.
Les collectivités ayant mis en place ce système de redevance ont en 2019 une performance de collecte à hauteur de 62 kg par habitant, soit 244% de mieux que la performance de la Seine-Saint-Denis.
La collecte et le traitement des déchets ménagers, spécifiquement pour les biodéchets et une tarification plus égalitaire pour tous les habitants, doivent être l’un des grands chantiers prioritaires des collectivités pour s’inscrire totalement dans l’obligation d’un service public que beaucoup ne perçoivent plus. Il n’est pas inutile de rappeler de plus que ces évolutions auront un impact direct sur la qualité de l’air que nous respirons, par la diminution de l’incinération et de l’enfouissement.