Organisation : Quatre territoires se partagent de manière très inégale l’aménagement du département : l’EPT Plaine Commune, les EPT de Terres d’Envol, Est Ensemble, et Grand Paris Grand Est. Surface : 23 687 hectares. Nombre d’habitants : 1 623 111 (INSEE 2017) Nombre d’emplois : 576 641 (INSEE 2017) |
Aménagement du territoire : urbanisme et emploi
La construction de logements imposée par les lois du Grand Paris a pris le pas sur l’aménagement du territoire, la qualité de vie des habitants et la préservation des espaces naturels.
Le département de Seine-Saint-Denis participe largement à l’effort de construction imposé par la TOL, cependant au cours des cinq dernières années, le nombre de logements vacants et de résidences secondaires a continué d’augmenter, ce qui ne bénéficie pas aux habitants du territoire. De plus, près de 260 hectares d’espaces ouverts et naturels ont été consommés, sans se préoccuper de la nécessité de protéger la nature en ville.
Les politiques territoriales doivent définitivement s’inverser et enfin prendre en compte la qualité de vie d’habitants subissant de plus en plus les effets du dérèglement du climat.
La partie Nord et Nord-Est de la Seine-Saint-Denis est par ailleurs marquée par un découpage administratif historique et des regroupements d’intercommunalités insuffisants pour assurer une vision globale[1]. L’avenir de ce territoire appelé « Grand Bourget » , de Saint-Denis à Aulnay-sous-Bois et Tremblay-en-France, doit en particulier s’affranchir des balafres profondes de l’aéroport du Bourget et de l’autoroute A1, qui interdisent l’émergence de « polarités réellement structurantes, conviviales, ouvertes à tous, bien reliées aux autres sites urbains pour que le population locale y gagne non seulement en termes d’emploi mais aussi en qualité de vie et en considération ».
La révision annoncée du SDRIF doit être l’opportunité de cette nécessité de changement
Dans l’aménagement du territoire Francilien, la répartition des emplois doit enfin être rééquilibrée ; en Seine-Saint-Denis, 0,54 emploi est proposée à la population active de 15 à 64 ans, alors que sur l’ensemble de la région c’est 0,71 emploi qui est proposé.
Transports et Mobilité
Une récente enquête de l’ORS (Observatoire Régional de Santé) révèle de plus que la crise de la COVID a mis en évidence le rôle essentiel des travailleurs de Seine-Saint-Denis. En 2017, au sein de l’Île-de-France, la Seine-Saint-Denis est le département où la part des travailleurs-clés dans l’ensemble des actifs résidents est la plus élevée, pour 18%.
Les échéances sans cesse repoussées dans la mise à disposition des moyens du Grand Paris Express ou du TZEN3 vers Bondy et Vaujours, la dégradation continuelle du RER B, les programmes inutiles du CDG Express et de la ligne 17 sur le Triangle de Gonesse, l’abandon du prolongement de la ligne 11 jusqu’à Noisy-Champs, ne sont plus admissibles.
La priorité des actions doit être ciblée sur les travailleurs clés aujourd’hui clairement identifiés, qui sont essentiels pour éviter la paralysie de la région Île-de-France, avec ou sans crise.
Biodiversité et agriculture
Avec ses 1 157 hectares, le site Natura 2000 de Seine-Saint-Denis est un emblème incontournable de la richesse en biodiversité du département. Il se distingue ainsi des autres sites européens par son intégration complète en zone urbaine dense et sa fragmentation en 15 parcs et forêts. La « fonction climat » de la nature en ville est pourtant peu présente dans la zone la plus dense du département et doit être prise en compte dans les documents d’urbanisme. Pour sa part le mouvement associatif de Seine-Saint-Denis, et en particulier les associations naturalistes du département, comme l’ANCA (Amis Naturalistes des Coteaux d’Avron), participe à cette construction d’un territoire résilient, par une meilleure connaissance de la faune et de la flore, et l’enrichissement des espaces à protéger, de même que ceux à renaturer.
Les analyses proposées par le Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis dans les « Caractéristiques des friches urbaines sur le territoire de Plaine Commune » démontrent que les objectifs affichés pour la reconquête de la biodiversité et de la nature en ville peuvent être tenus si les modes d’intervention sur les fonciers délaissés se focalisent, en zone dense, sur les enjeux de lutte contre les îlots de chaleur urbain et la recréation d’espaces naturels. Par ailleurs entre 2008 et 2017, le MOS mesure une diminution de près de 90 hectares des espaces agricoles en Seine-Saint-Denis, soit près de 12% de la superficie dédiée à l’agriculture en 2008. Cette hémorragie doit être stoppée.
Déchets
Les dernières de statistiques de l’ORDIF mettent en évidence les mauvais ratios de collecte des déchets ménagers en Seine-Saint-Denis. La dépréciation des filières de valorisation des matériaux issus de la collecte et du tri et l’évolution de la TGAP, ont un impact lourd pour les collectivités, et des conséquences désastreuses sur le budget des ménages, les collectivités ont cependant les leviers pour maîtriser ces effets par :
- L’accentuation des actions de prévention,
- La mise en œuvre de tous les moyens permettant le tri à la source des biodéchets pour le 1er janvier 2024
- L’engagement des études permettant l’application d’une tarification plus juste pour les ménages par la tarification incitative
- La définition concrète des limites du service public par la meilleure prise en compte du tri 5 flux chez les artisans-commerçants et la mise en œuvre de la redevance spéciale.
Santé environnementale et risques industriels
L’ORS a publié en décembre 2019 un profil des territoires affichant un état des lieux des zones de multi-exposition aux nuisances et pollutions environnementales. La part des populations potentiellement exposées en Seine-Saint-Denis, est de 23,3%, soit près de 400 000 habitants, ce qui en fait le département le plus affecté en Île-de-France. Les pollutions historiques associées aux anciens sites industriels abandonnés, les pollutions liées aux infrastructures de transport, les risques inhérents aux activités industrielles, sont maintenant bien connus sur le territoire, mais leur impact ne peut plus être ignoré dans les projets d’aménagement ou géré uniquement pour les intérêts économiques, tels que :
- Les pollutions initiées dès l’exploitation des sites Wipelec à Romainville ou EIF à Montreuil continuent d’empoisonner l’air respiré par les riverains,
- l’impact des pollutions atmosphériques sur les habitants et les écoles, générées par le trafic routier, n’a pas été pris en compte dans le projet d’aménagement des bretelles A1/A86 à Saint-Denis, ni dans le projet immobilier du Pont de Bondy associé à la piscine Olympique,
- Le projet de carrière de gypse à ciel ouvert de Vaujours aura un impact sur les populations que les industriels se vantent de maîtriser.
La Courneuve : Parc Georges Valbon |
Stains : Cité jardin |
[1]
http://cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/documents/cgedd/010722-01_rapport.pdf